Marcel Dassault : de l'ingénieur de génie à l'empire aéronautique français

Portrait de Marcel Dassault

Portrait de Marcel Dassault

Marcel Dassault, de son vrai nom Marcel Bloch, est l’un des personnages les plus influents de l’histoire industrielle française. Né en 1892 à Paris et mort en 1986, il a été à la fois ingénieur, inventeur, entrepreneur, homme politique et figure centrale de l’aéronautique du XXe siècle. Son nom reste aujourd’hui associé aux avions les plus emblématiques de l’aviation française, à travers l’entreprise Dassault Aviation.

Une formation d’exception

Marcel Bloch naît le 23 janvier 1892 dans une famille juive alsacienne. Très tôt attiré par la technique et l’ingénierie, il entre à l’École Breguet, puis à l’École supérieure d’électricité (Supélec), avant de rejoindre la prestigieuse École supérieure d’aéronautique et de construction mécanique (SUPAÉRO) en 1910, dont il sort diplômé en 1913.

Cette formation, exceptionnelle pour l’époque, le place au cœur de la première génération d’ingénieurs aéronautiques, alors que l’aviation en est à ses balbutiements.

Les débuts : l’avion, une passion précoce

Pendant la Première Guerre mondiale, Bloch travaille pour la Section technique de l’aéronautique, où il conçoit l’hélice Éclair, très performante, utilisée sur plusieurs avions militaires.

En 1928, il fonde sa première entreprise : la Société des Avions Marcel Bloch. Son objectif est clair : développer une industrie aéronautique française moderne et compétitive face aux États-Unis et à l’Allemagne.

Ses premiers succès arrivent dans les années 1930 avec des avions civils et militaires (MB.120, MB.200…), au moment où la France commence à se réarmer.

La nationalisation et la guerre

En 1936, le Front populaire nationalise l’industrie aéronautique. L’entreprise de Bloch est intégrée à la SNCASO (Société nationale de constructions aéronautiques du Sud-Ouest), mais il reste en poste comme directeur technique.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en raison de ses origines juives et de son refus de collaborer avec les Allemands, Marcel Bloch est arrêté par le régime de Vichy en 1940, puis déporté en 1944 au camp de Buchenwald. Il y survit malgré des conditions inhumaines.

Anecdote : résistance silencieuse

Pendant son emprisonnement, Marcel Bloch refuse de collaborer avec l’occupant nazi, malgré des propositions visant à mettre ses talents au service du Reich. Il reste silencieux et fidèle à ses valeurs, ce qui lui vaut d’être torturé et maltraité. Ce passage marquera durablement sa vision du monde.

La renaissance : naissance de l’empire Dassault

À la Libération, il change de nom. Marcel Bloch devient Marcel Dassault, nom emprunté à son frère Darius Paul Bloch, résistant sous le pseudonyme « Chardasso ».

En 1945, il fonde la Société des Avions Marcel Dassault, qui va devenir l’un des piliers de l’industrie française. Très vite, il se lance dans la conception de chasseurs à réaction, un domaine en pleine expansion avec la guerre froide.

Parmi les réalisations marquantes :

- Ouragan (1952) : premier chasseur à réaction français produit en série
- Mystère IV (1953)
- Mirage III (1956) : avion mythique, exporté dans plus de 20 pays
- Mirage F1, Mirage 2000, et plus tard Rafale (conçu après sa mort)

Mirage III

Mirage III

Une stratégie d’indépendance nationale

Pour Dassault, l’aviation est une question de souveraineté. Il milite pour une industrie aéronautique française indépendante, capable de concevoir ses propres avions, ses propres moteurs, et ses propres systèmes d’armement.

Il refuse de se plier aux standards américains, et promeut une approche intégrée : conception, test, industrialisation et export, le tout sous contrôle français.

Cette stratégie s’avère payante, notamment dans les années 60-70, où la France devient un acteur majeur de l’exportation d’avions militaires.

Homme politique et député

Marcel Dassault est aussi un homme engagé. Il devient député gaulliste de l’Oise en 1951 et le reste jusqu’à sa mort. Il siège à l’Assemblée nationale pendant plus de 30 ans, tout en dirigeant son groupe industriel.

Il prône une vision patriote, industrielle, et libérale, où la puissance nationale repose sur l’innovation et la maîtrise de la technologie.

Un empire diversifié

Outre l’aviation, Marcel Dassault développe un empire économique :

- Informatique : Dassault Systèmes, fondée en 1981, devient un leader mondial du logiciel 3D
- Presse : achat du journal Jours de France
- Immobilier, finance, électronique…

Il crée un véritable groupe multidisciplinaire, centré sur la recherche, l’innovation et le « made in France ».

Vie privée et personnalité

Marcel Dassault est un homme discret, travailleur, exigeant. Survivant de la déportation, il reste marqué par la guerre et développe une grande méfiance envers les compromis politiques.

Il se convertit au catholicisme en 1950, choix personnel et spirituel, qui a parfois suscité des débats dans l’opinion publique.

Il est passionné d’aéronautique jusqu’à la fin de sa vie, visitant les ateliers, rencontrant les ingénieurs, testant les prototypes.

Mort et postérité

Marcel Dassault meurt le 17 avril 1986 à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 94 ans. Il est inhumé au cimetière de Passy à Paris. Son fils Serge Dassault lui succède à la tête du groupe.

Aujourd’hui, Dassault Aviation reste un des fleurons de l’industrie française. Le Rafale, fleuron militaire de la France, est l’héritier direct de la vision de Marcel Dassault : un avion conçu, fabriqué et maîtrisé de bout en bout en France.

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